vendredi 6 juillet 2012

SHOBOGENZO chapitre 5 : JU UNDO SHIKI



Seules les personnes à la recherche de la Voie et rejetant la renommée et le gain peuvent entrer dans
le dojo. Nous ne devrions pas admettre au hasard ceux qui ne sont pas sincères. Si quelqu’un a été admis par
erreur nous devrions, après réflexion, les inviter à partir.
Sachez que lorsque le désir de la Voie a secrètement surgi, le souci de la renommée et du gain
s’évapore instantanément. D’une manière générale, dans tout l’ensemble des mille mondes, il y a très peu
d’exemples de la transmission juste et conforme. Dans notre pays, notre enseignement sera considéré comme
la source originelle. Ressentant de la compassion pour les époques futures, nous devrions chérir la valeur du
présent.
Les pratiquants du dojo doivent s’harmoniser comme le lait et l’eau, et ainsi encourager mutuellement
de tout cœur la pratique de la vérité. Désormais nous sommes tels des invités et des hôtes, mais dans le futur
nous serons pour toujours des patriarches bouddhistes. De sorte que maintenant que chacun d’entre nous
rencontre la vérité difficile à rencontrer, et pratique ce qui est difficile à pratiquer, nous ne devons pas perdre
notre sincérité. Cette sincérité est appelée le corps-esprit des patriarches bouddhistes ; elle devient
inévitablement bouddha et patriarche.
Nous avons d’ores et déjà quitté nos familles et nos foyers ; nous dépendons des nuages et de l’eau.
La bienveillance des membres de cette Sangha, en soutenant mutuellement notre santé et notre pratique,
surpasse même celle d’un père et d’une mère. Un père et une mère sont seulement parents pour un court laps
de temps entre la vie et la mort, mais les membres de cette Sangha seront des amis dans la vérité du Bouddha
pour l’éternité.
Nous ne devons pas trop souhaiter quitter le temple. Si c’est absolument nécessaire, il est permis de
sortir une fois par mois. Les pratiquants des temps anciens vivaient dans des montagnes reculées ou
pratiquaient dans des forêts retirées. Non seulement ils n’avaient que peu de contacts humains, mais ils
avaient également totalement écarté tous les engagements sociaux.
Nous devons apprendre leur état d’esprit en nous enveloppant de leur lumière et en suivant leurs
traces. Ici et maintenant est le moment de pratiquer comme pour éteindre un feu brûlant sur notre tête.
Comment ne pourrions-nous pas regretter de consacrer négligemment ce temps à des occupations
mondaines ? Comment ne pourrions-nous pas regretter cela ? Il est difficile de s’appuyer sur ce qui n’a pas de
consistance, et nous ne pouvons jamais savoir où, dans l’herbe du bord du chemin, notre existence de goutte
de rosée prendra fin. Gaspiller ce temps serait vraiment lamentable.
Tant que nous sommes dans le dojo nous ne devrions pas même lire le moindre texte Zen. Dans le
dojo nous devons suivre les règles et poursuivre l’état de vérité. Lorsque nous sommes face à une fenêtre
lumineuse, alors il est possible d’éclairer son esprit avec les enseignements des anciens. Ne perdez pas un
instant. Efforcez-vous d’un seul esprit.
Nous devons poser comme règle générale d’informer le responsable du dojo de nos déplacements, de
nuit ou de jour. Ne vous promenez pas à votre guise. Cela pourrait violer la discipline de la Sangha. Nous ne
savons pas quand cette vie finira. Si elle devait parvenir à son terme durant une paresseuse excursion, cela
serait sans doute regrettable.
Nous ne devons pas frapper les autres lorsqu’ils commettent des erreurs. Nous ne devons pas
regarder les autres haineusement. Pour citer les mots d’un ancien, « Lorsque nous ne voyons pas les défauts
des autres ni nos propres qualités, nous sommes naturellement respectés par les anciens et admirés par les
plus jeunes. » Cela dit, nous ne devons pas imiter les erreurs d’autrui. Nous devons pratiquer selon notre
propre vertu. Le Bouddha a prévenu contre les méfaits, mais pas par la haine.
Toute tâche, fut-elle grande ou petite, doit seulement être remplie après en avoir informé le
responsable du dojo. Les personnes qui agissent sans respecter cette règle doivent être exclues. Lorsqu’il y a
confusion dans les formalités entre membres et responsables, il est difficile de démêler le juste du faux.
Dans le dojo et alentour, nous ne devons pas élever la voix ou nous rassembler pour une conversation.
Le responsable du dojo doit y mettre fin le cas échéant.
Dans le dojo nous ne devons pas pratiquer de marches cérémoniales.
Dans le dojo nous ne devons pas égrener de chapelets. Nous ne devons pas aller et venir les bras
ballants.
Dans le dojo nous ne devons pas chanter ni lire de sutras. Si un donateur réclame la lecture de sutras
par toute la communauté, alors c’est possible.
Dans le dojo nous ne devons pas nous moucher ni tousser bruyamment. Nous devrions regretter que
notre comportement moral soit si imparfait. Et nous devrions nous plaindre que le temps file si vite, nous
volant une vie avec laquelle pratiquer la vérité. Il doit nous être naturel d’avoir un esprit pareil à celui d’un
poisson dans un courant affaibli.
Les membres du dojo ne doivent pas porter de brocart. Nous devons porter des habits en papier,
coton, et ainsi de suite. Depuis les temps anciens, les ancêtres qui ont clarifié la Voie étaient ainsi.
N’entrez pas dans le dojo en état d’ébriété. Si quelqu’un entre à tort par distraction, il doit se
prosterner et se confesser. L’alcool ne doit pas être apporté dans le dojo. N’entrez pas dans le dojo échaudé ou
ivre.
Si deux personnes se disputent, elles doivent être renvoyées toutes deux dans leur chambre, parce
qu’elles perturbent non seulement leur propre pratique, mais aussi celle des autres. Ceux qui voient surgir la
dispute mais ne font rien sont également en faute.
Quiconque ne respecte pas les instructions du dojo doit être exclu avec l’assentiment de tous les
membres. Quiconque sympathise avec les transgressions est également en faute.
Ne dérangez pas les autres membres en invitant des personnes dans le dojo, qu’il s’agisse de moines
ou de laïcs. Si vous discutez avec des invités aux abords du dojo, n’élevez pas la voix. Ne vous vantez pas
délibérément de votre propre pratique, en espérant avidement des offrandes. Un invité qui a manifesté à
plusieurs reprises la volonté de participer à la pratique, et qui est résolu à faire le tour du dojo en faisant des
prosternations, peut entrer. Dans ce cas également, le responsable du dojo doit en être informé.
Zazen doit être pratiqué avec ardeur comme dans les dojos chinois.  Ne soyez jamais même
légèrement paresseux pour suivre et demander des enseignements matin et soir.
Pendant les repas du petit-déjeuner et du déjeuner, une personne qui renverse la nourriture ou ses
accessoires par terre doit être pénalisée en accord avec les règles du temple.
De manière générale, nous devrions résolument protéger les interdits et les préceptes des patriarches
bouddhistes. Les règles pures des temples devraient être gravées dans nos os et dans nos esprits.
Nous devons prier pour que toute notre vie soit paisible, et que notre poursuite de la vérité nous
demeure dans un état d’esprit sans intention.
Les quelques règles ci-dessus sont le corps-esprit du bouddha éternel. Nous devons les révérer et les
suivre.


 Version complète traduite par Fabrice SEVERIN.