mardi 23 octobre 2012

Présentation de Maitre Sosan


Sosan Le patriarche lépreux


"La voie est ronde, en paix, parfaite comme le vaste monde
Sans aucune notion de manque ni de superflu.
En vérité, c'est parce que nous voulons choisir ou rejeter
Que nous ne sommes pas libres."
Sosan (Seng-ts'an, ?-606)
L'hommeTroisième patriarche chinois. Disciple d'Eka et maître de Doshin. Auteur du Shin jin mei (Poème de la foi en l'esprit).
Son histoireOn ne sait rien de ce qui précède sa rencontre avec Eka. Il a alors quarante ans et souffre de la lèpre. Devient disciple d'Eka, reçoit l'ordination et guérit de sa maladie. Très vite, Eka lui transmet la robe patriarcale. Se cache pendants dix ans et doit simuler la folie pour échapper aux persécutions de l'empereur contre les bouddhistes. Donne la transmission à son disciple Doshin et meurt en kinhin* (méditation debout) sous un arbre.
Son enseignement: Il n'y a pas de dualité. Ce sont nos attachements et nos discriminations qui nous font perdre l'harmonie et la clarté naturelles
Épisodes marquantsLa rencontre avec Eka

Il en va de Sosan comme des autres patriarches des premiers temps de la lignée chinoise : leurs contemporains, ignorant qu'ils avaient affaire aux pères fondateurs, n'ont consigné ni leurs faits et gestes ni leurs paroles, si bien qu'on a très peu d'informations sur eux. Outre qu'il est le troisième patriarche, Sosan occupe une place prépondérante en tant qu'il est l'auteur du premier texte sacré du chan*, le Shin jin mei, un long poème exprimant l'essence de l'enseignement transmis. Bodhidharma et Eka n'ayant rien écrit, ou en tout cas rien de semblable, c'est par le Shin jin mei qu'on peut comprendre les traces qu'ils ont laissées. La tradition veut que l'essence de l'enseignement de Bodhidharma se résume à "on ne peut rien obtenir" et celle de l'enseignement d'Eka à "on ne peut rien rejeter" ; Le Shin jin mei est la quintessence de cet héritage. C'est aussi dans ce texte qu'apparaît pour la première fois un terme essentiel du langage zen : hishiryo, qu'on peut traduire par la pensée absolue, au-delà de la pensée et de la non-pensée, un concept qui, transporté au Japon six siècles plus tard, sera abondamment repris par maître Dogen. Le Shin jin mei a en outre le mérite d'être le seul texte en langue chinoise qui appartienne au tronc commun soto* et rinzai* : tous ceux qui suivent datent en effet d'après la séparation.
De la vie de Sosan, on ne connaît guère que l'histoire de sa rencontre avec Eka, son prédécesseur dans le dharma*. Il en existe deux variantes. Dans l'une et l'autre, Sosan est un laïc d'une quarantaine d'années, malade de la lèpre. Selon la première, qui se situe dans le droit fil de l'échange entre Bodhidharma et Eka, Sosan va trouver ce dernier. "Je souffre de la lèpre", lui dit-il, "lave-moi de mes péchés." "Apporte-les moi", lui répond Eka. "Je ne peux pas les trouver." "C'est donc que je t'en ai lavé." Dans la seconde version, c'est Eka qui parle en premier : "Tu es lépreux, que puis-je faire pour toi ?" "Mon corps est malade, mais l'esprit d'un malade n'est pas différent du vôtre."
La suite des événements diffère également selon les deux récits. Dans le second, les propos de Sosan convainquent Eka qu'il a affaire à un être éveillé, et il lui transmet sur le champ les insignes du patriarcat - la robe de Bodhidharma et son bol de mendiant. Dans le premier, le dialogue se poursuit ; Eka dit à Sosan : "Maintenant, tu dois prendre refuge dans le Bouddha, le Dharma* et la Sangha*." "Ayant devant moi un moine, je sais ce qu'est la Sangha", lui répond Sosan, "mais dites-moi je vous prie ce que sont le Bouddha et le Dharma." "L'esprit est le Bouddha, l'esprit est le Dharma, et l'on doit dire la même chose de la Sangha." Sosan fut pleinement satisfait. "Pour la première fois je comprends que les péchés ne sont ni à l'intérieur, ni à l'extérieur, ni entre les deux. De même le Bouddha et le Dharma sont l'esprit, ils ne sont pas deux." Sur ce, Eka lui donna l'ordination et, au bout de deux ans, la transmission. Après quoi Sosan s'enfuit pour échapper aux persécutions contre les bouddhistes. Finalement il rencontra son successeur, Doshin, auquel il transmit la robe au cours d'un épisode qui est un nouveau rebondissement des deux transmissions précédentes. "Montre-moi la voie vers la délivrance", supplie Doshin. "Qui t'a jamais enchaîné ?" rétorque Sosan. "Personne" "Pourquoi alors demandes-tu la délivrance ?"

GLOSSAIRE
Chan : mot chinois équivalent au sanskrit dhyana et au japonais zen.
Dharma : l'enseignement du Bouddha et des patriarches. L'ordre universel.
Kinhin : marche rythmée sur la respiration pratiquée pendant l'intervalle séparant les deux parties d'une séance de zazen.
Rinzai : lignée zen fondée par Rinzai (Lin chi, mort en 868) et dont l'origine remonte à Nangaku, disciple d'Eno. L'école rinzai - qui, à côté du soto, constitue l'un des deux grands courants encore vivants du zen -, insiste sur l'obtention du satori et utilise les koan comme outil de méditation.
Sangha : la communauté des disciples.
Soto : école du zen fondée par Tozan et Sozan et remontant à Seigen, disciple d'Eno. Également appelée "zen de l'illumination silencieuse", par opposition au "zen de la contemplation des mots" caractéristique de l'école rinzai. Le soto a été introduit au Japon par Dogen au XIIIe siècle.
source:  site des deux versants