mardi 5 juin 2012

Les 10 premières années après la mort du Maître Deshimaru

Voici la suite de la réflexion amorcée par Denis Boureau. Elle concerne les années qui ont immédiatement suivi la mort de Maître Deshimaru, dont l'influence se faisait encore fortement sentir au sein d'une sangha soudée autour de la fidélité à son enseignement et la vonlonté de continuer résolument sur le chemin tracé.

Dans cette seconde partie, nous allons continuer à réfléchir au sens de la venue de Maître Taisen Deshimaru en Europe et à saisir le sens et la portée de sa mission. Nous nous servirons à cet effet des mots employés par ses disciples pendant les dix années qui ont suivit sa mort, nous ne citerons Taisen Deshimaru que lorsque ses disciples eux-mêmes le feront pour illustrer leur propos. Afin de garder la même méthodologie, je me suis basé principalement sur les bulletins Zen qui couvrent cette période (n° 38 à 65). Les citations proviennent donc principalement de ces numéros, et aucune considération de personne n'est intervenue dans leur choix.

Où il est question de zen, de sushi et de sashimi.
Lors des questions sur le rapport moral de l’assemblée générale de L’AZI du 31 décembre 2006, à une interrogation sur notre relation avec le zen japonais, il fut répondu: «Il y a quelques années, après un long silence d’une quinzaine d’année, nous avons repris les contacts avec le zen japonais» et encore «Après la mort de Sensei, nous avons été un peu arrogants en coupant pendant quinze ans les relations avec le zen japonais» (Sangha n°13). De tels propos peuvent nous laisser pour le moins perplexes.

Dans un article intitulé «Bodhidharma n’est pas venu en Chine…» (Bulletin n° 40, p26-27), en référence au célèbre koan, Roland Rech pose les bases de cette relation à l’occasion d’un compte rendu de son voyage au Japon du 25 juin au 5 juillet 1983. Il souligne dans un premier temps la nécessité d’établir des «relations avec ceux qui, comme nous, sont des héritiers de la Voie du Bouddha que nous a transmise Maître Deshimaru». Il rappelle le cadre dans lequel ses entretiens doivent avoir lieu: «Notre mission est de transmettre cet enseignement auprès de tous les êtres humains et de contribuer ainsi à créer un nouvel humanisme fondé sur l’esprit mushotoku et la pratique de shikantaza.» Conformément à la conception de Taisen Deshimaru, le Japon reste une terre de mission. Roland rencontre Hata Zenji (chef de Eihei-ji), qui garde un bon souvenir de son passage à la Gendronnière en juillet 1982, et Oyama Roshi (chef de Soji-ji). Il prend aussi des contacts avec les responsables de la Sotoshu pour faire reconnaître l’AZI comme «le seul interlocuteur pour toutes les questions relatives à la poursuite de la mission de Maître Deshimaru», tout en leur déclarant: «Le zen ne doit pas rester une spécialité japonaise comme les sushi ou le sashimi.» Mais c’est auprès des amis de Deshimaru, religieux, professeurs, journalistes et hommes politiques qu’il reçoit l’accueil le plus chaleureux. Ainsi le révérend Otani, qui, dans une lettre qu’il lui adresse avant son retour, pose de façon claire les enjeux liés aux relations entre l’Association zen internationale et le zen soto japonais: «Nous devons penser le zen d’un point de vue mondial. Mais beaucoup de maîtres de la Sotoshu tendent à penser le zen seulement dans le cadre de la secte soto au Japon. Si l’école soto maintient ce type de pensées et d’attitudes, alors qu’à notre époque les chrétiens commencent à pratiquer zazen dans les églises et les monastères, la Sotoshu ne pourra pas aborder les problèmes importants de notre époque. Cela voudra dire que la Soto est seulement une secte pour faire des cérémonies.» et Roland de commenter: «Il s’agit en effet d’un grave problème qui préoccupa beaucoup Maître Kodo Sawaki et Maître Deshimaru.» Cela nous préoccupe-t’il encore de nos jours?

Comme Deshimaru l’avait fait en 1981, Roland Rech et Étienne Zeisler se rendirent au congrès des kaikyosokan à Hawaï, les 1 et 2 novembre 1983, en tant que représentants de l’AZI. Roland en rend compte dans un article du bulletin n° 41. Il présente le zen japonais sous deux versants, l’un composé des soutiens et des amis de Maître Deshimaru et l’autre de la Sotoshu. Rappelant le contenu de quelques articles de la constitution de l’école soto (sotoshu), il montre qu’a priori rien ne nous empêche d’y souscrire et appelle à une harmonisation des points de vue. Mais concrètement il constate l’incompréhension. On lui fait ce genre de réflexion: «Maître Deshimaru ne parlait pas le français, comment a-t-il pu vous enseigner exactement? Quand tous les membres de votre Association parleront le japonais, je viendrai vous enseigner le zen.» Ou encore: «Vous parlez toujours de zazen. Il n’y a rien de nouveau dans vos paroles. Maître Deshimaru nous a dit exactement la même chose, il y a deux ans au congrès de Los Angeles!» et Roland de commenter: «En réponse à cette remarque et à d’autres du même genre tendant à relativiser l’importance de zazen par rapport à d’autres pratiques qui se sont beaucoup développées au Japon au détriment du zazen (cérémonies, éducation du comportement qui nous fit dire que les bonzes européens ne voulaient pas être transformés en bonzaï!), nous ne pouvons que citer les paroles de Dogen dans le Shobogenzo, Sanmai o zan mai: «Mon maître Nyojo dit sansen, c’est corps et esprit rejetés. Cela n’est atteint que dans la concentration assise. Il est inutile de brûler de l’encens, de se prosterner, de réciter le nembutsu, de s’imposer une discipline sévère ou de lire les sutra.»

Étienne relate ce congrès en kusen dans la dernière nuit de la sesshin d’hiver 1983/1984, entre 1h et 2h30. Les 400 personnes qui y assistèrent se rappellent peut-être encore les crises de rire malgré la fatigue. Il y raconta la teneur de leur entretien avec le directeur général de la Sotoshu. Lorsqu'ils lui expliquèrent le sens de la mission de maître Deshimaru, il répondit qu'il fallait venir faire des stages au Japon. Ils parlent alors des milliers de membres de l’AZI et des centaines de dojos en France, en Europe et dans le monde. Toujours la même réponse. Ils parlent alors de la Gendronnière avec ses 40 hectares de forêt, le dojo, les nouveaux bâtiments, le réfectoire, des grandes sesshin, le camp d’été et le millier de gens qui y passe chaque année, et se heurtent toujours à la même réponse: «Oui c’est bien, mais il faudrait que vous fassiez des stages au Japon». En désespoir de cause Étienne et Roland sortent des photos pour leur faire comprendre l’importance de la sangha de Deshimaru. Ils voient soudain l’œil de leur interlocuteur briller devant une photo où 350 personnes sont assises en en zazen dans le dojo. «Ah! vous voyez que vous ne pratiquez pas le zen de Dogen car celui-ci a dit: il faut pratiquer devant un mur, et vous, vous pratiquer en quinconce!» Dépité devant tant d’incompréhension, Étienne raconte qu’avec Roland, ils décidèrent de se reposer sur une plage d’Hawaï, boycottant la visite de temple prévue au programme.

Étienne Zeisler, dans un article intitulé «La Racine Originelle», tiré d’une conférence donnée à la Gendronnière l’été 1983, commence par citer Deshimaru: «Vous devez suivre ma grande idée, vous devez aider et suivre ma mission», puis explique le rapport de Deshimaru avec le zen Japonais: «Sensei n’était pas un professionnel du bouddhisme, de la religion, il n’enseignait pas une religion conventionnelle […] Son enseignement n’était pas réservé à de petits moines retirés du monde [...] On pense que les gens doivent se retirer du monde pour accéder à cette loi, à cet enseignement. Seul Sensei avait compris que cette loi au-delà du monde, c’est la loi de ce monde [...] Maître Deshimaru était complètement au-delà des religions et des catégories que les gens ont dans la tête. Kodo Sawaki l’a enseigné à Taisen Deshimaru, qui s’est expatrié pour la transmettre à son tour. La plupart des moines japonais sont des chefs de temple sans disciples et prisonniers des pesanteurs sociales. Sensei, lui, a renversé le système, renversé l’esprit des japonais. Il disait toujours que si la pratique du zen européen devenait forte, alors les Japonais la copieraient. Ils copient tout, donc s’ils voient les Européens revenir à la racine de la pratique, ils y reviendront aussi [...] Le premier livre que Maître Deshimaru a écrit était Vrai Zen, révolution intérieure. C’est cela le zen de Sensei: faire tourner son esprit à 180°, oublier les choses superflues, couper les branches, retourner à la racine. Les Japonais ne le comprennent pas du tout. Ils disent: «Oui, Maître Deshimaru a planté la graine, mis la base, maintenant il faut construire.» C’est complètement idiot.» (Bulletin n°41 p8-9)

Et Stéphane Thibaut ne pense pas différemment: «En Inde, en Chine et au Japon où le Bouddhisme fut jadis florissant, il n’existe plus aujourd’hui qu’en tant que religion traditionnelle. Il n’y a plus de véritable maître, on devient moine de père en fils et on ne se concentre plus que sur les cérémonies, les textes sacrés ou les préceptes.» (bul n°40 p.10-11)

Luc Boussard part au mois de décembre 1983 au Japon, «où il représentera notre association. Il y pratiquera et enseignera zazen tel que Maître Deshimaru l’a transmis […] Le but principal de ce voyage est de renforcer les contacts que nous avons au Japon, tant avec le zen soto qu’avec les milieux intellectuels, et de développer ainsi un courant d’amitié […] afin d’augmenter notre audience et le rayonnement de la mission de Maître Deshimaru.» (annonce faîte dans le bulletin n°41)

La venue de Niwa Zenji 
En 1984, la plus haute autorité zen du Japon, Niwa Zenji, chef de Eihei-ji, décide de se rendre en France, à la Gendronnière pour remettre le shiho aux personnes que la sangha aura désignées. C’est un fait majeur dans l’histoire du zen. Jamais encore un roshi de l’envergure de Niwa Zeni n’avait quitté le Japon pour aller certifier des moines étrangers, qui de plus n’avaient absolument pas suivi le cursus japonais et avaient été désignés par leurs condisciples sans que lui-même les connaissent où ne se mêle de ce choix. L’œuvre de Maître Taisen Deshimaru était certifiée à travers ses disciples. Cet événement n’aurait pas pu avoir lieu si certaines conditions n’avaient pas été réunies de part et d’autre. Du côté des disciples français, le refus du processus habituel de remise du shiho (longs stages dans les temples japonais, etc.), la détermination à défendre et promouvoir le zen reçu de Deshimaru sans faire de concession sur la nature de ce zen et l’unité de la sangha autour des personnes désignées (Roland, Stéphane, Étienne et Michel, qui se désistera), autant de facteurs qui les avaient incités à refuser toutes les propositions japonaises antérieures à celle de Niwa Zenji. Du côté de ce dernier, une grande intelligence, qui comprend la dimension particulière du zen de Deshimaru, et considère, à l’encontre de tout l’establishment zen japonais, que Maître Deshimaru est un authentique héritier de Kodo Sawaki et des patriarches, ainsi qu'un grand missionnaire des temps modernes. En témoignent ces mots qu’il dit à Stéphane, lorsque celui-ci lui rendit visite au Japon pour la cérémonie préparatoire au shiho: «Je vous remercie en tout cas d’être venu de si loin. Le zen a été transmis du Mont Sumeru au Mont Susan et du mont Susan au Mont Eihei (d’Inde en Chine de Chine au Japon). Il est maintenant transmis à la France. Quand vous recevrez le shiho, vous pourrez tout abandonner et avoir un esprit complètement doux et humble.» (propos rapportés par Luc, bulletin n°42-43 p20)

Le 22-29 août 1984: «Maître Rempo Niwa est venu à la Gendronnière afin de remettre le shiho, c’est-à-dire la certification officielle de la transmission du dharma, à trois des plus anciens disciples […] Par cette action, et comme il l’a lui-même annoncé dans le dojo, il venait consacrer toute l’œuvre de Taisen Deshimaru Zenji et la mission dont nous sommes maintenant porteurs», écrit Pierre Crépon dans l’éditorial du bulletin n°44. Les trois disciples, ayant reçu le shiho, signent en commun un texte intitulé «Denpo Transmission du dharma»: «À travers trois disciples de Maître Deshimaru, c’est toute sa mission et le temple de la Gendronnière, fondé par lui, qui se trouvaient ainsi consacrés [...] Sa certification a renforcé notre détermination à affronter les difficultés de notre mission et notre désir de faire croître la fleur du zen planté fermement sur le sol occidental par Maître Deshimaru.» (Bul n°44 p.4).

Le rev. Matsunaga Zendo (interprète et proche collaborateur de Niwa) explique ainsi les circonstances de cette remise: «Lorsque certains moines japonais firent des objections à la venue de Niwa à la Gendronnière, celui-ci trancha tous leurs doutes par ces mots: J’ai confiance dans le fait que le vrai zen a été transmis en Europe par Maître Deshimaru et je veux remettre le shiho à ses disciples pour aider cette fleur merveilleuse à se développer.» (bul n°44 p.6).

Quant au rev. Aoyama Jiun Roshi, le maître de cérémonie de Niwa Zenji, «comme nous lui demandions ce qu’il pensait de nos cérémonies à la Gendronnière, il nous répondit qu’il les trouvait simples et belles, actualisant l’essence même de la cérémonie, de zazen.» (Bul n°44 p.6).

Et, bien sûr, Niwa dans ses kusen: «Zazen a commencé avec le bouddha Sakyamuni en Inde. Il a continué en Chine, de Boddhidarma à Tendo Nyojo. Il a été ensuite transmis au Japon par Dogen Zenji et Keisan zenji. En France, de Mokudo Taisen Zenji a chacun d’entre vous, zazen a été exactement et véritablement transmis.» (Kusen-28/08/1984 à 11h)

Ce qui fait de ce shiho un acte fondateur dans la poursuite de la mission de Maître Deshimaru, c’est qu’il vient officialiser la transmission de ce que Deshimaru appelait le «vrai zen». C’est la détermination de l’ensemble de ses disciples à poursuivre sa mission qui est saluée, sans restriction, sans réserve, sans jugement. Les générations à venir devraient s’inspirer de cette remise de shiho. C’est dans cet esprit qu’un shiho officiel prend sa vraie valeur, lorsqu’il est le reflet limpide d’une transmission reçu intimement. Dans un article intitulé «Hommage à Mokudo», Philippe Coupey revient sur cette question. Il rappelle comment Taisen Deshimaru était isolé au début de sa mission: «Il faut bien le dire, Mokudo n’était pas un protégé de Eihei-ji. Mokudo n’avait pas officiellement le shiho […] Tout cela arriva très vite (le développement de sa mission); en dix ans […] plusieurs milliers de personnes […] C’était miraculeux et même Eiheiji et la Sotoshu durent le reconnaître [...] Comment était-ce arrivé? Mokudo n’avait pas le certificat attestant son shiho, il n’avait aucun titre et n’était pas kaikyosokan, il n’était pas roshi. Et voilà que maintenant, d’un seul coup, il était tout cela à la fois et plus encore. Finalement, est-ce le shiho qui mit Mokudo sur le siège du lion, ou est-ce le siège du lion qui lui a conféré le shiho? […] C’est ainsi, car le processus qui fait d’un homme un patriarche n’est pas celui d’une ascension mécanique qui se ferait à coup de titres et de certificats officiels.» (Bul n°41 p.23)

Vous avez dit culture bouddhique?
Cette remise du shiho ne met pas fin à nos rapports avec le Japon. Ils vont continuer. Elle met fin aux prétentions déplacées, notamment à toutes ces visites de roshi japonais cherchant à prendre un bout du «gâteau» Deshimaru. «Nous nous trouvâmes envahis de roshi japonais, l’un offrait son kesa, l’autre son kolomo, ils cérémonièrent dans le dojo, beaucoup évitèrent le zazen, puis ils repartirent […] Pendant deux ans, d’anciens amis de Sensei vinrent nous visiter régulièrement, certains proposant le shiho très facilement. Étienne me dit un jour lors du deuxième camp d’été: «Ils veulent mettre dans leur ketsumyaku la mission de Sensei en Europe, mais qu’ont-ils fait? […] c’est vrai nous ne pouvions que rester fidèles au zen transmis par Sensei.» Barbara Yanes (bul n°63 p.27)… Mais ce n’était pas du gâteau!

En novembre 1984 Luc Boussard assiste au congrès de la Shumucho. Durant ce congrès, il présente la mission de Maître Deshimaru et la manière dont ses disciples la continuent en son absence, jusqu’à la venue de Niwa. «En fait, dès le premier jour, il y a eu une sorte de clivage dans la salle entre ceux que mes propos réjouissaient et ceux qu’ils faisaient pâlir. Moi je parlais de zazen, de la foi dans le kesa, de la nécessité de répandre zazen pour aider les gens. Les autres étaient des moines professionnels avec des préoccupations de moines professionnels […] Mais ce que je ressens surtout, après réflexion, c’est que nous représentons encore et toujours une position unique: nous sommes les seuls à rechercher et pratiquer la condition normale, au-delà des illusions. Les positions théoriques de la Sotoshu moderne ne sont pas différentes des nôtres, mais dès qu’on en vient à la pratique, je vois partout un fatras de problèmes dogmatiques, formalistes, moralistes […] qui noient la pureté originelle de l’enseignement.»(Bul n°45 p.11-12)

Le 1er janvier 1985, décès d’Hata Zenji. Pierre Crépon écrit: «Supérieur du temple de Eihei-ji, [il est venu] à la Gendronnière rendre hommage (à T. Deshimaru) en septembre 1982 et confirmer à ses disciples qu’il leur revenait de continuer son enseignement.» (bul n°47). C’est lui qui nous mit en contact avec son futur successeur, Niwa, qui remit les shiho, il déclara notamment: «Vivre dans les temples ne suffit pas. Nous devons trouver et enseigner la vraie voie dans le monde social. Tous les êtres ont la vie de Bouddha.» (bul. n°46)

En 1986, une quarantaine de disciples font le voyage au Japon. Roland Rech en rend compte. Après avoir rappelé que cela s’inscrit dans la droite ligne de l’action de Maître Deshimaru en vue de «continuer un véritable échange avec les représentants de la tradition du zen soto au Japon» et souligné l’accueil chaleureux de Niwa, il ajoute: «D’après ce que l’on a pu voir, les moines passent beaucoup de temps à s’entraîner aux cérémonies, qui sont réglées comme un véritable ballet. C’est sans doute un reste des temps où la réputation des temples dépendait de leur capacité à réaliser des cérémonies demandées par la cour impériale où l’on s’y entendait en matière d’étiquette et de rites. Cela représente un héritage culturel qui ne nous paraît pas avoir sa place en Europe […] Nous garderons quant à nous les manières simples que nous a enseignées Maître Deshimaru […] .Cela ne manquait pas de beauté, mais la limite entre concentration et obsession était parfois visiblement franchie par certains […] .Le risque est bien sûr [...] de se réfugier dans un formalisme superficiel et de se couper à l’excès de la vie du monde. La pratique de la voie tend à devenir une affaire professionnelle. 
À Hoshin-ji […] accueil gâché par un discours du chef de temple Harada roshi qui crut bon de nous dire que son enseignement différait tout à fait de celui de Kodo Sawaki et de Deshimaru.
Au cours du zazen du matin auquel nous participions, Niwa Zenji a fait un kusen pour tous les moines de Eihei-ji: il fit l’éloge de l’enseignement de Maître Kodo Sawaki et de Maître Deshimaru et expliqua comment il avait lui-même contribué à cette mission de transmission du vrai zen en Europe en donnant le shiho à trois anciens disciples de sensei.»(bulletin n°48 p.4-5).

Pierre Crépon rappelle dans l’éditorial du bulletin n° 49 le rôle joué par Kodo Sawaki dans la vision d’un zen universel: «À l’époque contemporaine, Maître Kodo Sawaki fut sans doute l’un des premiers à affirmer avec force que le zen ne pouvait être confondu avec l’institution monacale qu’il avait engendrée et que ce n’était en aucun cas une spécialité japonaise […] Comme Dogen, qui ne voulait pas entendre parler d’école zen pour l’enseignement qu’il transmettait, Kodo Sawaki répétait sans cesse que le zazen ne devait pas rester la propriété du zen soto ou du bouddhisme, mais qu’il devait devenir le fondement d’une religion qui serait universelle et infinie […] Il enseignait que le devoir de l’homme était d’abord de vivre sa vie d’homme et il se consacra entièrement à la recherche d’une voie qui permette à l’homme de réaliser cet idéal. Il s’efforçait sans cesse de transmettre aux autres une vérité suprême et transcendante qui fût parfaitement pure, mais jaillie spontanément du cœur humain.» Et Pierre de conclure: «Il en est de même pour nous avec Kodo. Pour que ses paroles ne soient pas que des belles phrases, il ne tient qu’à nous de les pratiquer dans notre vie réelle.»

Au mois de juillet 1987, Niwa Zenji vient à nouveau à la Gendronnière. Il compare dans un kusen prononcé dans le dojo, l’action de Dogen et celle de Deshimaru: c’est la même à deux époques différentes. Elles ont la même nature. «Ainsi, Maître Dogen réalisa l’éveil sous la direction de maître Nyojo. Il abandonna son corps et son esprit et revint au Japon les mains vides. C’est notre pratique. Le fondateur Taisen Deshimaru a apporté exactement le vrai zen, le vrai dharma de bouddha et c’est pourquoi, vous tous, ici pratiquez ce dharma exactement transmis.» (Bulletin n°52 p.4-5)

Voici ce qu’on peut lire dans les «Impressions japonaises», consécutives à la visite de Niwa, un texte tiré de la revue du temple d’Eihei-ji Sansho, traduit par le Pr. Morimoto et commenté par Roland Rech: «C’est la culture bouddhique du Japon qui soutient le vrai dharma à présent.» Commentaire de Roland: «Il (Deshimaru) n’a pas amené une plante de culture avec des racines pleines de terre mais une graine. Cette graine qui a rapidement commencé à pousser et à fleurir, il l’a montrée dès le premier jour, il l’a exposé à travers son corps et son esprit: faire zazen en portant le vrai kesa transmis. Il n’a jamais dit que c’était la culture bouddhique du Japon qui soutenait le vrai dharma […] Si la pratique de zazen devait être soutenue par une culture bouddhique – que ce soit celle du Japon ou une autre – elle n’aurait pas ce caractère universel qui en fait toute la force, au-delà même des particularismes culturels ou religieux, ni cette capacité de redonner vie à la plus haute aspiration de chaque être humain.»

C’est ce qu’a bien compris Shoten Minegishi Roshi: «Les Italiens demandent toujours aux visiteurs japonais: «si vous trouvez quelques fautes chez nous, indiquez les nous». A la Gendronnière, il semble que les participants ne nous questionnent jamais sur ce que nous pensons de leur façon de pratiquer. Nous avons l’impression qu’ils veulent continuer à marcher sur leur propre chemin, inauguré par Maître `Deshimaru, avec confiance en soi.»
Commentaire de Roland: «Cette confiance, elle existe en effet totalement dans l’enseignement reçu de Maître Deshimaru, dans l’essence du vrai zen transmis. Cela ne signifie pas que nous croyons que notre pratique ou notre comportement soient parfaits. Mais comme nous ne cherchons à imiter qui que se soit ou quoi que ce soit, nous nous concentrons avec foi sur zazen, sur gyoji et créons notre vie réelle à partir de cela.»

Et un autre roshi: «Parmi nos trois visites au pape, à Fudenji et à la Gendronnière celle qui a suscité en moi le plus de réflexions fut la dernière […]Il faut commencer par s’établir soi-même comme moine authentique.»
Enfin Toei Kinbara Roshi écrit: «Je ne connais pas d’autre dojo sur lequel les appréciations sont aussi différentes que la Gendronnière. Beaucoup d’éloges et beaucoup de dénigrements, pourtant cela ne montrerait-il pas qu’il y a une activité de pratique assez grande pour frapper les yeux du monde? Il est vrai que, moi-même, j’ai quelques doutes sur un ou deux points, mais à la vue des trois cents personnes pratiquant ensemble un zazen extrêmement vigoureux, avec une posture tout à fait juste, j’ai eu la forte impression que le zen Européen avait déjà formé son propre courant en l’espace de vingt ans, en gardant farouchement l’enseignement de Maître Deshimaru. Ce sont les regards des dirigeants pleins de confiance en eux qui m’ont donné cette impression. Zazen plein d’énergie, travail dans le jardin maraîcher, construction des bâtiments, fauchage, couture du kesa…, en tout cela, il n’y a personne qui ait l’air trop sérieux. Chacun se plaît au samu, en toute liberté. Je n’ai pas pu m’empêcher de m’étonner de la très grande différence avec la vie trop stoïque des monastères japonais.» (Bulletin n°52 p.6-7)

Durant la dernière sesshin du camp d’été 1987, Kosho Murakami, disciple de Kodo Sawaki, nous rend visite à La Gendronnière: «Ce matin, je suis allé sur la tombe de Taisen Deshimaru, j’ai chanté un sutra et je n’ai pu m’empêcher de pleurer car j’ai senti que Taisen Deshimaru me parlait et que Kodo Sawaki me souriait. J’ai compris qu’ici Kodo Sawaki et Taisen Deshimaru étaient vivants. Je vous remercie tous.» (Bulletin n°53)

E n 1989, c'est le tour de Kozuki Shoshu, qui remplit la fonction de Kanin à Eihei-ji: «Niwa Zenji m’a demandé de vous transmettre ses encouragements et ses sentiments pour votre pratique du vrai zen, transmis depuis Bouddha, à travers Dogen et à travers Maître Deshimaru. S’il vous plait, sachez que vous êtes en train de pratiquer le vrai dharma transmis par Deshimaru Roshi, Dogen Zenji, Bodhidarma […] Vous venez du monde entier pour pratiquer zazen ici, c‘est la chose la plus importante de ce monde [ ...] Sincèrement je voudrais vous exprimer mes meilleurs vœux: prenez soin de vous-mêmes et s’il vous plait continuez à pratiquer et à enseigner dans les autres pays. Merci Beaucoup.»

Voici pour les faits plus importants qui marquèrent les échanges entre la sangha de Maître Deshimaru et le zen soto japonais durant ces années, nommés aujourd’hui par certain, «un long silence dans les relations avec le zen japonais». Ce long silence fut éloquent. La venue en France de Maître Deshimaru fut une chance karmique et dharmique. Sur une terre neuve, dans une civilisation différente, elle nous permet de pratiquer à partir de l’essence du zen et de couper ainsi avec le karma historique de 700 années du zen au Japon. Ne pas voir cette césure, c’est porter sur ses épaules le poids des contradictions accumulées par le zen japonais tout au long de son histoire. Avec Deshimaru, nous avons le privilège, et la responsabilité qui va de pair, de repartir du moment précis de la transmission du zen de Dogen. Ce n’est pas de l’arrogance, bien au contraire, c’est humblement s’alléger en puisant à la source. Deshimaru nous a offert ce cadeau merveilleux. Il a donné sa vie pour cela et ce ne sont pas des mots. Cette fraîcheur, cette simplicité, ce retour au point d’origine sont aussi l’aide précieuse que nous pouvons apporter à nos frères japonais dans le dharma. Niwa l’avait compris. Ne serai-ce que pour cette raison, il est nécessaire de protéger le zen tel que l’a transmis Maître Deshimaru, et d'y demeurer avec une grande foi. Les disciples de Maître Deshimaru durant ces années ont compris cela et ont maintenu le cap au milieu des difficultés nombreuses nées de la disparition soudaine de leur maître. C’est ce qu’on attend de nous encore aujourd’hui, car si ce n’est pas nous qui le fera?


S’abreuver à la source 
Philippe Coupey relate dans un article «Mondo en Suède», la façon dont une règle se crée, la séparation homme femme en l’occurrence dans le réfectoire à la Gendronnière, puis comment elle peut être prise trop au sérieux par ceux qui n’en connaissent pas le point de départ: «C’est ainsi que toutes les religions se dégradent lentement. Si on perd la racine, on a tendance à accorder de plus en plus d’importance aux manières extérieures, à cultiver le rituel et le formalisme. La vraie tradition se rattache à l’origine des choses: perdez la et cent, deux cents ou cinq cents ans plus tard, vous vous retrouverez avec des religions vides de toute essence, des religions où il ne reste rien d’autre que du formalisme et des comportements insensés […] Dans le cas du zen, les techniques s’ajoutent aux techniques et les rituels aux rituels; les koan, dokusan, gassho-gassho et que sais-je encore se mettent à proliférer […] C’est pourquoi Maître Deshimaru est venu en Europe, pour planter la graine du vrai zen dans une terre fraîche.» (Bul n°52 p.16-17)

Raphaël Triet revient sur cette même idée à propos d’une anecdote qu’aimait raconter Étienne: «Mais surtout Sensei lui dit que le zen qu’il voulait finalement créer ne se limitait pas seulement au zen, mais englobait Shinran, le zen et toutes les religions. C’est cela qu’il appelait la religion d’avant la religion, d’avant les institutions, d’avant les dogmes, d’avant les dégénérescences […] Sensei ne voulait pas créer une religion de plus, une institution supplémentaire, mais plutôt revenir à quelque chose oublié de tous, délaissé depuis longtemps, avant notre mémoire, avant nos catégories. Sensei disait souvent: il faut revenir au point zéro, revenir à l’origine.» (Bulletin n° 60 p.3)

Dans le même esprit, Jean-Pierre Beaucousin a écrit dans une lettre: «Je dirige le zazen tous les samedis, et il est fort impressionnant de prendre l’enseignement à zéro - la posture, le kyosaku, les cérémonies et le vocabulaire de base: hishiryo, shikantaza, mushotoku. Cela me remet en mémoire mon maître Taisen qui enseignait et insistait sur ces mots, il y a une dizaine d’années, et me donne un petit pincement au cœur en pensant à sa disparition trop soudaine.» (Bulletin n°51)

Ce retour au point zéro, la sangha de Deshimaru va l’exprimer durant cette période dans toutes les directions: «Nouveau dojo à Paris au Cinq Diamants, développement des dojos de province et de l’étranger, de grandes sesshin régionales regroupant jusqu’à 60, 80 et même 100 personnes, Les sangha étrangères, Suède, Espagne, Suisse, Allemagne, Canada, viennent pratiquer en force à la Gendronnière où le taux de participation augmente chaque année. D’anciens disciples vont enseigner le zen et ouvrir des dojos en Grande-Bretagne, en Colombie, en Argentine. Les anciens dojos créent des groupes satellites autour d’eux (Séville, Strasbourg) […] En 1984, l’AZI traduit et publie les commentaires des neuf premières phrase du Shodoka par Kodo Sawaki, Parallèlement, les éditions Zen sortent l’intégrale des commentaires et kusen de Sensei, le premier sera l’Hokyo Zan Mai.» (Bulletin n°63 p.28-29). 
Développement interne certes, mais aussi, comme le souhaitait Deshimaru, tourné vers les autres.


Et en faire profiter le monde entier
«Un jour, Deshimaru demande à Kodo Sawaki de l’ordonner moine. Requête qui lui est refusée. Il l’invite à poursuivre zazen tout en menant une vie active dans la société. Et, bien des années plus tard, alors qu’il est en Europe, c’est une chose qu’il enseignera à son tour. S’il a ordonné de nombreuses personnes, il a toujours insisté sur le fait qu’il ne voulait pas de moines professionnels, il ne voulait pas que l’on se réfugie dans des monastères en dehors des périodes de sesshin. Il a toujours enseigné que nous devions pratiquer au milieu du monde, au milieu de la vie sociale, avec les autres.» R. Triet (bul. N°63)

«Il avait aussi une vision claire des erreurs de notre civilisation et enseignait comment la pratique juste de zazen pourrait y remédier. Son enseignement était très vaste et sa vie l’exprimait.» R Rech (idem)

«La présence de Sensei et de ces disciples, tôt le matin, m’apportait beaucoup d’équilibre. J’aimais beaucoup le côté démystification. L’Europe et le monde vont subir de profondes mutations […] Ils auront besoin de guides et, grâce à notre maître, ses disciples pourront à leur tour enseigner la voie de la Sagesse aux générations futures, pour que le monde nouveau renaisse de ses erreurs, comme la fleur de lotus naît dans la boue.» A. Liebman (idem)

Étienne Zeisler, citant Deshimaru à l’occasion des 20 ans de sa venue en Europe: «La mélodie du zen ne peut être limitée par les notes d’une partition. Elle a été créée en toute liberté dans le vaste ciel bleu. Zazen et le salut de l’humanité sont deux choses différentes. Cependant ils sont comme les deux faces d’une même feuille de papier […] Le zen doit aider à créer une nouvelle civilisation qui puisse réaliser un équilibre authentique dans la conscience humaine. Ne regarder qu’un seul aspect des choses mène tout droit à l’impasse. Au relatif, au dualisme, le zen doit ajouter le sens de l’universel puis unifier pour former, ensemble, le sens religieux de l’absolu et de l’éternité.»(Bulletin n°48 1987)

À l’occasion du «40e anniversaire de l’implantation du zen soto en Europe», le Soto Zen Buddhism et l’AZI organisent à la Gendronnière un symposium sur «l’universalité du bouddhisme», avec pour seule illustration de cette universalité des intervenants revendiquant leur appartenance au zen soto japonais. On aurait pu croire à un sketch (si ceux-ci n’avaient pas été supprimés à la Gendronnière, alors qu’il est si bon parfois de se moquer de soi-même). Trève de plaisanteries, l’année de sa mort, comme je l’ai rappelé dans la première partie, Maître Taisen Deshimaru préparait l’organisation d’un symposium sur le thème «Soigner l’esprit, problème majeur de notre civilisation». Voici comment il commença sa lettre destinée aux personnalités invitées: «À l’occasion du quinzième anniversaire de ma mission en Europe, nous avons l’honneur de vous inviter à l’importante manifestation organisée au château de la Gendronnière, du 25 juin au 1er juillet 1982. Elle a pour but de contribuer aux efforts pour la Paix mondiale et pour l’édification d’une nouvelle civilisation.» Son décès brutal oblige à reporter le symposium au printemps suivant. Ses disciples, malgré la grandeur de la tâche, au milieu de difficultés multiples, réussissent à le mettre en place. Il se tient finalement du 7 au 9 mai 1983 à Chamarande (la Gendronnière étant sous scellés suite aux difficultés liées à la succession Deshimaru), sous l’appellation «Guérir l’esprit». La présence de 25 conférenciers venus de tous les horizons - des représentants des religions (chrétien orthodoxe, catholique, protestant, Islam, zen soto, tibétain, et même indien d’Amérique), des scientifiques de divers disciplines (psychiatre, sociologue, neurophysiologique), des personnalités d’organisme comme l’UNESCO, le CNRS, l’école Nationale des Ponts et Chaussée, universités - témoigne à l’évidence de l’intérêt que suscite l’apport d’un zen frais et vivant à la civilisation et illustre la possibilité que ce zen soit un élément moteur, une volonté fédératrice des énergies, pour rassembler les hommes de bonne volonté devant les graves défis posé par l’évolution du monde. Vous en trouvez le compte rendu dans le Bulletin Zen n°40. Voici la conclusion d’un kusen prononcé lors du symposium: «Pendant quinze ans, Maître Deshimaru n’a cessé de répéter cet enseignement. Il n’y a rien de mystérieux. C’est très simple. Si on suit cet enseignement, si on continue la pratique de zazen, alors l’esprit sera guéri.» (Michel Bovay)

U n nouveau symposium intitulé «La non-peur» est organisé dès l’année suivante, sans doute trop tôt pour lui donner tout le poids qu’il faudrait, mais à l’image de l’énergie et de la volonté active des disciples,. À cette occasion Gérard Pilet s’exprime ainsi lors d’une conférence: «Maître Deshimaru, pour ceux qui l’ont connu, disposait d’une énergie incroyable et cette énergie c’était l’énergie même de la compassion et d’une certaine façon l’énergie de l’instinct vital qui, n’ayant plus à s’investir sur la structure de l’ego, puisque l’illusion de l’ego a disparu, s’investit sur l’extérieur, plus exactement sur ce qui pour nous, à notre niveau de conscience dualiste, est encore l’extérieur.»

Et Laurent Kaltembach: «N’était-ce pas le souhait de Maître Taisen Deshimaru: l’interpénétration entre le zen et notre civilisation, la fondation d’un monde nouveau, planétaire, par la conscience au-delà de la pensée, hishiryo, par l’esprit de non-profit, mushotoku? Si tel est le cas, il est de notre responsabilité impérative et urgente de répandre, sans crainte, cet esprit dont la source est zazen.» (bul. N°42-43). 

Suivra en en 1986 le symposium de Toulouse«L’équilibre corps et esprit», puis les Entretiens de la Gendronnière «Santé et spiritualité», en 1992.

Dans la première partie de cette contribution, nous avons vu comment, durant les quinze année de sa présence parmi nous, Maître Deshimaru comprenait sa mission, cette seconde partie a parcouru les dix années qui ont suivi son décès et la façon dont sa sangha a continué cette mission. Dans la troisième partie, nous aborderons les quinze dernières années.


«J’ai offert le vrai zen aux Européens, c’est la plus grande joie de ma vie. J’ai réalisé le vœu de mon maître Kodo Sawaki, et j’ai la conviction que cette œuvre sera historique.»Taisen Deshimaru (bul n°52)



Denis Boureau, 4 juin2007